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Raconter les histoires autrement Les Totems de Mathilde Bourgon

« Avec un seul pli dans le papier, on est déjà dans la sculpture »
© Totems, Mathilde Bourgon (Gautier-Languereau)

Parmi les livres exceptionnels présentés lors de l’exposition AB – Augmented Books 2.0, on pourra parcourir l’ouvrage pop-up de Mathilde Bourgon, Totems. Paru en 2016, le livre a déjà connu une belle vie. Mais les totems ont une histoire plus longue encore, qui fait partie intégrante du parcours de Mathilde.

Mathilde, ton livre Totems est le premier ouvrage que tu as publié mais on a cru comprendre que c’était plus un aboutissement qu’un premier pas.

J’étais dans la section «image imprimée» de l’École des Arts Décoratifs de Paris et pour obtenir mon diplôme en 2009, j’ai créé des personnages, les Transpolypius. Ce n’était pas du pop-up, juste du pliage, mais par leurs formes et leur symétrie, ce sont vraiment les prémices de mes totems. 

J’ai appris la technique du pop-up un peu plus tard, sur base d’un livre. J’ai décidé de refaire toutes les figures qu’il y avait dans le livre pour m’entrainer. Je m’amusais à les combiner et petit à petit, les totems sont réapparus. 

J’ai finalement créé mes 9 totems pour une exposition pour laquelle ils étaient encadrés. J’ai eu envie d’en faire un livre d’artiste et ensuite est venue la version parue aux éditions Gautier Languereau. Je suis contente de pouvoir montrer tout ce cheminement lors de l’exposition!


Tes totems ont un goût « d’ailleurs ». Ils ont une histoire particulière?

La forme est née avant leur histoire mais ils sont tous habités par un pays que j’ai visité. Leur histoire est nourrie d’éléments réels, de lieux existants, d’expériences vécues, de rencontres. J’ai écrit pour chaque totem un petit conte autour des symboles qu’ils abritent et de leurs pouvoirs qu’on peut invoquer.

Vu la genèse des totems, tu ne pensais pas forcément aux lecteur∙rice∙s à la base. Comment les livres pop-up sont-ils reçus?

C’est vrai que quand j’ai commencé à faire des livres, je ne savais pas comment le lecteur les percevait et les manipulait. Mais à force de rencontres, j’ai pu voir les différentes réactions. Pour moi, il y a deux sortes de pop-up. Il y a le pop-up comme Totems, où on est dans le côté impressionnant du volume. Ensuite, il y a le pop-up que j’ai expérimenté dans Trois petits Indiens, plus plat mais dans lequel on crée un mouvement en manipulant les pages. Les enfants aiment bien, ils sont impressionnés. Ils comparent souvent ça à du jeu vidéo ou à de l’animation.

Jusqu’ici, on a parlé de ton travail du papier pour des livres, donc des petits formats assez codifiés, mais tu fais également de grandes installations. Est-ce que tu as une préférence?

J’aime faire les deux. Quand on fait un livre avec une maison d’édition, on peut trouver qu’il y a trop de contraintes (le budget, le nombre de pages,…) mais on peut aussi se perdre quand on fait une installation dans un grand espace avec seulement du papier découpé. 

La contrainte donne un cadre et souvent, j’arrive à des choses inattendues grâce à elle. Finalement, mes totems sont nés quand j’étais très peu libre par rapport à la technique du pop-up. J’étais en plein apprentissage, ce que je pouvais faire était limité, mais sans cette contrainte, mes totems auraient été très différents.

De façon générale, quand on regarde ton travail, on a le sentiment d’être face à un univers assez vaste.

C’est sans doute parce que le papier permet de faire une infinité de choses! L’avantage du papier, c’est que c’est un matériau qu’on trouve très facilement et qu’on peut travailler sans machine particulière. Avec un seul pli dans un bout de journal qui traine, on est déjà en train de créer une sculpture. C’est magique!

Il y a encore tellement de possibilités que je voudrais explorer. J’ai déjà un lien avec le spectacle vivant parce que je fais du pop-up pour une compagnie d’arts du cirque, mais je voudrais créer un petit spectacle pour enfants avec du papier découpé. J’aimerais aussi faire du papier découpé pour un film d’animation. Et refaire de grandes vitrines. Voilà mon plan: continuer à explorer!