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Arts visuels Etienne Duval

Etienne Duval revient cette année pour l’exposition Turn On, avec une toute nouvelle création : un slipmat en phonotrope.
© Nathan Roux

Après la réalisation d’une fresque pour Moolt ons een… et la conception du nouveau mobilier des Rotondes en 2022 avec Julie Marthe Hoffmann, Etienne Duval revient cette année pour l’exposition Turn On, avec une toute nouvelle création… Un slipmat en phonotrope ! Pour vous faire patienter jusqu’au vernissage le 19.01, plongez dans l’interview exclusive d’Etienne pour en apprendre plus sur cet artiste aux facettes multiples et découvrir les secrets qui se cachent derrière son processus créatif ! 

Etienne, tu évolues dans un vaste champ de disciplines telles que l’illustration, l’architecture ou encore la musique. Quelles sont tes sources d’inspiration pour les différents projets que tu entreprends ?

Je suis intéressé par énormément de choses, et au-delà de la technique artistique utilisée, je cherche avant tout à avoir la bonne idée. Je me mets ensuite au service de cette idée. Que ce soit par le biais de la musique, des bâtiments, des animations…, la technique choisie doit me permettre de réaliser mon idée de la meilleure manière qui soit. 

Pour trouver la bonne idée, je passe énormément de temps à chercher, à me renseigner, en gardant mon motto en tête : ma création doit être ludique et elle doit être facilement compréhensible par tous. Je veux que tout le monde puisse s’approprier mon travail, le comprendre et l’interpréter à sa manière. Puisque je suis quelqu’un qui aime beaucoup apprendre, j’adore les nouveaux projets, et donc parfois, je vais d’abord m’approprier la technique artistique avant de chercher à faire quelque chose de beau ou drôle. Et en faisant ça, il y a déjà des choses qui germent. Mon secret, c’est de ne pas casser le flow, de toujours continuer et de ne pas laisser de place à cette petite voix dans ma tête qui dit « Mais pourquoi tu fais ça ? ». C’est en restant toujours dans le mouvement créatif, qu’au bout d’un moment il y a le Eureka moment où je me dis : c’est bon, j’ai trouvé mon idée, c’est là que je veux aller ! 

Tu es également le fondateur de YO Studio, agence qui se situe à la frontière entre l’architecture et la communication. Comment as-tu eu l’idée de créer ce studio ? 

En fait, ça s’est fait de façon assez naturelle et organique. Je suis architecte à la base, donc officiellement mon studio est un studio d’architecture. Mais de 2014 à 2021, j’ai aussi fait de l’illustration pour la TV belge, c’est ce qui a lancé ma deuxième carrière. 

Et je n’aime pas uniquement l’architecture, j’aime beaucoup de choses. Donc quand on me demande : « Tu ne veux pas faire une bande son ? Une installation artistique ? Un phonotrope ? », je suis toujours partant ! La création de YO Studio s’est vraiment faite spontanément, dans la lignée de tous les nouveaux projets que j’ai réalisés. 

Ce qui est intéressant, c’est que je me suis souvent dit qu’il faudrait que je me contraigne à une seule activité, parce que si on veut être fort dans un domaine, il faut savoir aussi se concentrer sur une chose en particulier et se limiter. J’ai essayé, mais le naturel revient toujours au galop… Je continue à faire plein de choses ! Je travaille à l’intersection de la vidéo, de l’architecture, de l’illustration, etc, et c’est assez rare, je pense que j’ai trouvé une sorte de niche, et c’est ce qui me permet de me différencier. 

Et avec toutes ces casquettes, comment décrirais-tu finalement ton style artistique ? 

Ludique, c’est le mot qui définit le mieux ce que je cherche à faire via mon art, et j’essaie de rester accessible à n’importe qui. Ça vient surtout de mon background je pense. Ma mère tenait une ludothèque dans laquelle j’ai passé beaucoup de temps quand j’étais enfant, c’est ce qui explique le côté divertissant qu’on retrouve dans mes créations. Mes deux parents étaient également instituteurs, ils sont très pédagogues, et du coup, j’ai eu cette fibre-là grâce à eux aussi. 

Aujourd’hui, c’est dans le cadre de l’exposition Turn On que nous allons te (re)découvrir aux Rotondes, avec la création d’un slipmat en phonotrope. Qu’est-ce qui t’a séduit dans ce projet ? 

Je suis très content que les Rotondes aient pensé à moi pour ce projet ! C’est toujours un plaisir et un honneur de travailler pour les Rotondes, c’est un de mes lieux préférés ici à Luxembourg, donc quand on me propose un nouveau projet, je ne mets en général pas très longtemps avant d’accepter !

Pour ce projet en particulier, ce qui m’a vraiment séduit, c’est qu’on se retrouve à l’intersection entre différents champs, tels que l’illustration, l’animation et la dimension musicale (puisqu’il s’agit d’un objet lié à la musique). En plus, réaliser un slipmat en phonotrope implique de faire un peu de mathématiques, et j’avoue que j’ai un petit faible pour les maths ! (rires)

Ce n’est pas tous les jours qu’on entend parler de la conception d’un slipmat en phonotrope… Peux-tu nous expliquer le processus créatif derrière la réalisation de celui-ci ? 

Vu que je fais de la musique et que le slipmat se met sur une platine, ma première idée était de faire quelque chose en lien avec la musique. Du coup, j’ai commencé par créer un beat, pour ensuite illustrer chaque instrument utilisé ‑batterie, basse, etc- sur le slipmat. Mais quand j’ai testé la technique du phonotrope, j’ai vite été confronté à la principale difficulté de ce support : tu es limité en temps et en espace. Un tour équivaut à 1,80s, donc ça laisse très peu de temps pour raconter quelque chose. J’ai donc dû adapter mon idée de base. 

Ce qui m’a aidé et inspiré, c’est d’avoir le plan du site des Rotondes. Vu que j’ai travaillé sur le nouveau mobilier des Rotondes en 2022, j’avais toujours le plan du site. Je l’ai posé sur la platine pour voir ce qui allait se passer : rien ! (rires). Mais ça m’a permis de me rendre compte que la Rotonde, avec sa structure radiale et son passé où les trains tournaient, était en fait l’objet idéal pour ma création, et qu’elle allait en être l’élément central. 

Il a vraiment fallu que j’apprenne à comprendre et à dompter la technique, je l’ai explorée longtemps avant de me lancer en faisant plein d’essais avec des formes différentes, des couleurs, du noir et blanc, divers styles, pour voir ce que ça pouvait donner. J’ai ensuite fait une première base en vectoriel avec mon logiciel d’architecte, qui a été validée, donc j’ai pu me lancer ! Je me suis vite prêté au jeu, et j’ai rapidement joué avec la technique. Normalement, dans les phonotropes, tu as uniquement des éléments qui s’animent, mais moi, je me suis dit que ce serait cool d’avoir également un élément qui défile juste : le train. 

À partir de là, j’ai aussi voulu montrer tout ce qu’il se passe sur le parvis, et tout ce que proposent les Rotondes (arts visuels, musique, buvette, …) avec des formes et des styles différents. J’ai travaillé étroitement avec Marc Scozzai, responsable du programme arts visuels aux Rotondes, pour voir ensemble ce qui pourrait marcher ou non, jusqu’à arriver à la version finale, que le public va pouvoir découvrir pendant Turn On !

On imagine que les différents éléments visuels que tu as incorporés dans ce slipmat ne sont pas laissés au hasard. Quelle histoire souhaites-tu raconter ? 

J’étais parti sur une piste très comic de base, mais je suis finalement allé vers quelque chose de moins cartoonesque pour laisser un peu de place à l’interprétation.

Je vois les Rotondes comme une île dans la ville, encerclée par les trains et la Rocade de l’autre côté. Tous les éléments visuels sont en lien avec ça, avec les Rotondes et la programmation culturelle proposée. Les arts visuels par exemple, sont représentés par un trait, dessiné par un crayon. Pour le reste, je garde la surprise et laisse les visiteur·euse·s découvrir les dessins eux/elles-mêmes le jour de leur venue ! 

Quelle réaction aimerais-tu susciter chez le public lorsqu’il découvrira ta réalisation ?

C’est vrai que le support a un côté magique, que ce soit pour ma création ou celles des autres artistes. J’aimerais provoquer l’émerveillement, le « wow » : ce serait vraiment satisfaisant pour moi si je pouvais susciter ça chez le public. 

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Le slipmat d’Etienne Duval sera visible pendant toute la durée de l’exposition :

Le slipmat est créé en édition limitée, 250 exemplaires seront mis en vente pendant Turn On et sur notre gift shop.